Vous êtes en arrêt maladie depuis quelques semaines, quelques mois, parfois plusieurs années.
La perspective de retourner au travail, s’invite régulièrement dans vos pensées ou se dessine de plus en plus précisément. Elle s’accompagne souvent d’inquiétudes, de peurs, de questions tout à fait légitimes.
Béatrice, Nathalie, Karène, Sophie, Estelle, Catherine, Sylvain, Sandrine, ont partagé avec nous leur expérience de reprise, au cours d’un cercle d’échanges du groupe Facebook privé « Rebondir après un Burn Out ».
Tous ont vécu un Burn Out professionnel qui a un moment donné de leur vie les a fauchés, mis à terre. Tous ont été en arrêt de travail. La durée de celui-ci a été très variable, pour diverses raisons.
- Nathalie, « Au bout de 6 mois d’arrêt, n’ayant pas obtenu la reconnaissance en longue maladie, mon salaire allait baisser de moitié sans complément de la mutuelle et je ne pouvais pas me le permettre ».
- Catherine « J’étais dans le déni du Burn Out. Mon repos de 3 mois me paraissait suffisant. J’ai repris contre l’avis de mon médecin. »
- Sylvain « Au bout de 7 mois, le médecin m’a dit qu’il fallait y retourner ».
- Karène « Durant mon arrêt un poste s’est libéré sur un autre service. J’ai postulé et ai obtenu le poste à la condition de reprendre immédiatement ».
- Sophie « 20 mois d’arrêt, j’étais très heureuse de reprendre ».
- Estelle « le psychiatre qui m’accompagnait a peu à peu introduit l’idée de la reprise »
Quelle que soit la durée de l’arrêt et les raisons qui ont poussé à la reprise, aucun d’eux ne nous dit qu’il se sentait totalement « guéri » au moment de cette reprise.
Le retour dans l’entreprise a donc donné lieu à une préparation préalable.
- Sandrine a préparé avec son médecin traitant puis la médecine du travail, l’entretien qu’elle souhaitait avoir avec sa hiérarchie, « J’ai listé tout ce que j’avais à dire sur 3 feuilles doubles : du factuel, des analyses et des propositions ».
- Estelle a rencontré ses supérieurs. « Un changement d’agence m’a été proposé pour réduire mon temps de transport générateur de fatigue »
- Béatrice a rencontré ses supérieurs hiérarchiques 2 ou 3 mois avant sa reprise. « On m’a laissé le choix entre réintégré mon service, ou en changer, j’ai choisi le moins pire du pire »
Le temps partiel thérapeutique
Le médecin traitant peut estimer que vous n’êtes pas prêt à reprendre une activité à temps plein, mais que la reprise d’activité peut contribuer à votre rétablissement. Il peut vous prescrire une reprise à temps partiel pour motif thérapeutique.
La reprise ainsi mise en œuvre donne lieu à une indemnisation de l’assurance maladie en complément du salaire. Il est à noter que l’employeur n’est pas tenu d’accepter cette demande et peut invoquer l’impossibilité d’un tel aménagement. S’il accepte, les modalités de mise en œuvre seront négociées entre vous, lui et le médecin du travail.
Quelques exemples concrets :
- Béatrice a repris 3 mois à 50%, puis 3 mois à 70% avant de reprendre à temps plein. Elle a alors négocié avec son employeur de pouvoir utiliser les jours de congé dont elle disposait, de manière fractionnée en ½ journées, afin d’adapter son temps de travail.
- Nathalie a travaillé un jour sur deux durant 6 mois puis son temps de travail a augmenté progressivement durant 2 mois avant de retrouver un temps plein.
- Sophie a travaillé durant 2 mois à 50%, puis 4 mois à 60% Elle rappelle l’importance de « prendre en compte ses capacités ».
- Estelle travaille uniquement le matin et se repose l’après-midi.
- Sylvain a travaillé à 70% durant 7 mois, puis a repris à temps plein.
Chacun dit que la fatigue est très présente et qu’il est primordial de s’octroyer du repos.
Nathalie rappelle cependant que dans « Temps Partiel Thérapeutique, le terme thérapeutique a toute son importance » ! En effet, il ne s’agit pas seulement d’un aménagement d’horaires mais aussi de l’allégement de la charge de travail. Catherine témoigne en ce sens. Elle a bénéficié d’un temps partiel thérapeutique mais avec la même charge de travail. « La rechute n’a pas tardé et a été terrible ! »
Parce que de rechute il a été question !
Béatrice, Karène, Sophie, Catherine Sylvain, tous l’ont vécue et parfois même revécue ! Et chacun de nous dire que le premier facteur sans doute est la reprise qui intervient trop tôt suivi de très près par les anciens schémas de fonctionnement qui reviennent (d’où l’importance de faire un travail sur ce point en amont avec un coach ou un psychologue du travail).
- Karène « Je n’ai pas écouté mes besoins, je suis retombée dans mes travers »,
- Sylvain « J’ai repris trop tôt et sur une période très chargée professionnellement ».
- Sophie pensait pouvoir se protéger mais constate que « l’On retrouve la même chose qu’avant de partir, rien n’a changé ! ».
Chacun à travers son témoignage a tenu à rappeler l’importance, la nécessité absolue que la reprise de travail donne lieu a une préparation préalable avec son employeur, et avec son médecin traitant. Nathalie parle de « sécurisation de la reprise. Construire en lien avec le corps médical et paramédical un environnement sécurisant ».
Tous s’accordent pour dire qu’il ne faut pas reprendre trop vite et tous affirment que le temps partiel thérapeutique leur a été profitable, voire indispensable pour une reprise « en douceur ».
Tous conseillent de s’écouter et prendre soin de soi :
- Sophie « Il faut alerter dès que quelque chose ne va pas »
- Estelle « faire attention à soi-même car les anciens schémas reviennent vite ! Apprendre à décrocher, même si on n’a pas fini !! »
- Catherine « ne pas accepter l’inacceptable. Prendre soin de soi !
En conclusion
Les membres du groupe Facebook « Rebondir après un burn out » qui ont participé à ce cercle d’échanges, mettent en avant les points suivants pour que la reprise se passe au mieux :
- Prendre le temps du repos et ne pas aller trop vite vers un retour au poste
- S’entourer de professionnels pour anticiper et préparer la reprise (médecins traitants, médecine du travail, psychologues, coach)
- Rester à l’écoute des signes de son corps pour adapter la reprise en fonction de ses besoins et possibilités.
Un simple repos, aussi long soit-il, n’est pas nécessairement suffisant pour que la reprise se passe bien.
Un travail d’introspection pour se questionner sur sa relation au travail, poser ses limites, mettre au clair ses besoins et pouvoir bien « fonctionner » au retour est fortement recommandé.
Avoir une vision claire vous rassurera et vous permettra de savoir si un retour à votre poste est « juste » et adapté à votre situation en fonction du contexte. Il s’agit également d’être en mesure de formuler des demandes d’ajustements claires auprès de votre employeur pour pouvoir vous préserver à votre retour.
Pour aller plus loin, je vous invite à lire l’article Comment éviter la rechute lors de la reprise et à consulter le forfait Envol. Si vous êtes concernés par un burn out professionnel, vous pouvez demander à rejoindre le groupe Facebook Privé Rebondir après un burn out.